La Question à €7.6 Milliards de l'Avenir de BNP Paribas

Jun 27, 2023

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(Bloomberg) -- L’homme qui dirige la banque largement considérée comme le futur champion européen du secteur a tout ce qu’il faut pour prendre le devant de la scène avec une grande opération de fusion.

Jean-Laurent Bonnafé s’est constitué un trésor de guerre d’environ €7.6 milliards et a bâti, au cours des 12 années qu’il a passées à la tête de BNP Paribas SA, la plus grande banque de financement et d’investissement d’Europe. Le directeur général a su tirer parti des faiblesses de ses rivaux et a engagé des réductions de coûts lui permettant de dégager des bénéfices records. Il possède également une connaissance approfondie des fusions transfrontalières qui, de l’avis de tous les dirigeants de banques, sont indispensables pour concurrencer les géants américains qui empiètent peu à peu sur le continent.

Mais face aux actionnaires dans la vaste salle des congrès du Carrousel du Louvre à Paris le mois dernier, Bonnafé a résumé les chances qu’il avait de conclure un tel accord en ces termes: “proches du zéro absolu”.

Le directeur général, réservé et méticuleux, connaît les écueils de ce genre d’opérations. Il a gravi les échelons de BNP Paribas en exécutant les grandes fusions de ses prédécesseurs. Son propre règne a été marqué par des opérations plus modestes, des résultats constants et la vente particulièrement opportune de la banque régionale américaine Bank of the West, qui a été conclue juste avant que le secteur local ne soit plongé dans le chaos.

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L’aversion de Bonnafé pour une acquisition majeure exclut une piste de croissance transformante à un moment où les investisseurs semblent pourtant dans l’attente d’une initiative spectaculaire. Après avoir doublé au cours des deux premières années de son mandat, les actions ont peu progressé pendant près d’une décennie. Malgré le fait qu’elle soit la banque la plus rentable d’Europe et qu’elle promette une croissance régulière et davantage de rachats d’actions, BNP Paribas est valorisée aujourd’hui plus de 40% en dessous de sa valeur comptable, soit une décote supérieure à la moyenne des grandes banques européennes.

Bonnafé a fait de la “croissance disciplinée” sa marque de fabrique, alors que ses rivaux enchaînaient les crises. Aujourd’hui, BNP Paribas est confrontée à la question de son avenir - et à celle de savoir si son titre de champion européen en puissance va rester éternel.

“Le plan de croissance de Bonnafé mériterait d’être clarifié”, considère Jérôme Legras, associé-gérant chez Axiom Alternative Investments. “Les 18 prochains mois sont cruciaux pour la banque, car nous verrons si elle parvient à investir le fruit de la vente de Bank of the West dans des projets plus rentables.”

Peu de Progrès

Legras ne s’attend pas à ce que BNP Paribas réalise une grosse opération, mais plutôt à ce qu’elle continue à se diversifier et à développer les activités où elle peut bénéficier d’effets d’échelle, comme l’assurance. Bonnafé a refusé de commenter cet article.

A dire vrai, les valeurs bancaires européennes dans leur ensemble n’ont pas bien évolué depuis la crise financière, et la progression du titre de BNP Paribas est toujours meilleure que celle des actions de la plupart de ses homologues. Le cours a augmenté de 91% depuis que Bonnafé a pris ses fonctions en décembre 2011, contre 30% pour son rival local, Société Générale SA. Barclays Plc a perdu 11% et Deutsche Bank AG a chuté de 62% au cours de la même période. Credit Suisse Group AG n’existe plus en tant qu’entreprise indépendante.

Tous ces concurrents ont à plusieurs reprises choqué les investisseurs en subissant des pertes significatives au cours des dernières années. Ce n’est pas le cas de Bonnafé, qui a annoncé un bénéfice prévisible à chaque trimestre sauf un (en 2014, lorsqu’il a accepté une pénalité de $9 milliards après que la banque a violé les sanctions américaines). Les analystes s’accordent à dire que Bonnafé a fait un bon travail en matière de gestion des risques, alliant prudence et transactions opportunistes.

“BNP Paribas a évité les pièges qui ont fait dérailler ses concurrents”, estime Matthew Clark, analyste chez Mediobanca. “La banque a continué à générer des bénéfices réguliers dans ses différentes activités, ce qui lui a permis d’accumuler du capital”.

Cela a fait de BNP Paribas l’une des rares entreprises suffisamment solides pour se porter acquéreur lorsque ses rivaux ont été contraints de se défaire de certaines activités. En 2019, la banque a accepté de reprendre les activités de prime brokerage de Deutsche Bank, alors que le groupe bancaire allemand se retirait du trading actions dans le cadre de sa restructuration. Peu de temps après, Bonnafé a récupéré les clients hedge funds de Credit Suisse, qui cherchait à limiter ses risques à la suite d’une perte de $5,5 milliards liée à ses opérations avec Archegos Capital Management.

BNP Paribas a également acheté les parts qu’elle ne possédait pas encore dans Exane SA pour développer sa plateforme de trading actions, faisant le pari que la combinaison de ses activités de recherche et du prime brokerage attirerait de nouveaux clients, y compris aux États-Unis.

“En reprenant une plateforme de premier plan, nous avons économisé une dizaine d’années de développement technologique”, estime Yann Gérardin, directeur général délégué de BNP Paribas, qui dirige également la banque d’investissement, à propos de l’accord avec Deutsche Bank. L’entreprise vise désormais la première place en Europe dans le domaine du trading actions.

Les acquisitions dans le secteur du prime brokerage - l’activité rentable mais risquée qui consiste à faciliter les transactions des fonds spéculatifs, souvent avec un fort effet de levier - ont renforcé la division des marchés de BNP Paribas, qui rivalise désormais avec Barclays et Deutsche Bank pour la première marche du podium en Europe. Selon les données de Bloomberg, la banque française se classe déjà au premier rang des arrangeurs d’obligations européennes pour l’année en cours.

Dernière Banque d'Investissement

“BNP est la dernière banque d’investissement européenne à se maintenir”, estime Clark. “Alors que Barclays conserve une grande franchise dans le domaine du trading FICC, d’autres comme UBS Group AG, Credit Suisse, Société Générale ou Deutsche Bank ont tous réduit cette activité au fil des ans”.

Ce rôle de dernier supermarché financier en Europe couplé à sa solidité financière - BNP Paribas possède l’un des bilans les plus importants parmi les banques européennes - a suscité des comparaisons avec le géant de Wall Street JPMorgan Chase & Co. Outre sa banque de financement et d’investissement de premier plan, BNP Paribas se targue également d’une vaste activité de banque commerciale et de détail, qui s’étend de la France, à la Belgique et à l’Italie, en passant par la Chine, où elle s’adresse aux entreprises et aux clients fortunés. Sa division assurance, Cardif, opère dans plus de 30 pays en Europe, en Asie et en Amérique latine, et a généré €30 milliards de chiffre d’affaires l’année dernière.

Pourtant, si BNP est ce qui se rapproche le plus de JPMorgan en Europe, sa valorisation boursière en est encore bien loin. A environ €68 milliards, elle représente moins d’un cinquième de celle de sa rivale américaine. Son ratio cours/valeur comptable, à 0,6, se situe juste en dessous de la moyenne de 0,62 de l’indice Stoxx 600 Banks. Le titre de JPMorgan, comme pour la plupart des grandes banques américaines, se négocie à un prix supérieur à sa valeur comptable.

“BNP est une banque bien gérée avec un modèle d’entreprise diversifié qui permet une croissance régulière”, considère Flora Bocahut, analyste chez Jefferies Financial Group Inc. “Pourtant, cela ne se reflète pas dans le cours de son action.”

Si Jamie Dimon, le dirigeant de JPMorgan, incarne le grand banquier de Wall Street, Bonnafé en est tout le contraire. Diplômé de Polytechnique et ingénieur du Corps des Mines, il fait partie intégrante de l’élite française. Entré à Polytechnique la même année que la Première Ministre française Elisabeth Borne, il y a également côtoyé Frédéric Oudea et Tidjane Thiam, qui ont tous deux par la suite dirigé de grandes banques européennes.

Un ancien collègue, qui a demandé à ne pas être identifié pour évoquer ses opinions personnelles, décrit Bonnafé comme un technocrate travailleur qui se concentre sur l’exécution et les résultats. Les employés le surnomment “J-Lo”, en référence aux initiales de son prénom, mais ce n’est pas un mondain. À l’exception de l’Opéra de Paris, où il préside une association de soutiens et donateurs, ou du tournoi de Roland-Garros, que BNP Paribas sponsorise depuis 50 ans, il se tient le plus souvent loin des projecteurs.

Lors des réunions avec les employés et des assemblées générales, il a récemment eu tendance à s’habiller de façon plus décontractée, rompant ainsi avec la tradition des tenues plus formelles. Il perd rarement son sang-froid, même lorsque les actionnaires l’interrogent sur d’éventuelles acquisitions, comme ils ont pu le faire au mois de mai dernier. Ayant effectué une partie de son service militaire dans un sous-marin nucléaire, il a comparé les grandes acquisitions à des situations quantiques qui se présentent trop rarement pour en faire une stratégie de croissance.

“Tout peut toujours arriver à un moment ou à un autre de l’histoire d’une entreprise”, a-t-il expliqué, vêtu de son habituel cardigan à fermeture éclair. “Mais lorsque nous pensons à une stratégie, nous ne pouvons pas la fonder sur un événement dont la probabilité est proche du zéro absolu.”

Nouvelles Opportunités

Un autre ancien collègue, qui a également demandé l’anonymat pour parler de ses opinions personnelles, a reconnu qu’il n’y avait pas grand-chose à acquérir ces dernières années pour Bonnafé, et que les transactions qu’il a effectuées étaient toutes ciblées et pertinentes. Mais, selon cette personne, BNP Paribas ne s’est pas construite par le biais de petites transactions, et Bonnafé est aujourd’hui assis sur un énorme trésor de guerre qui n’attend qu’à être déployé.

La détérioration de l’économie “va créer des opportunités pour ceux qui, comme BNP Paribas, ont la capacité de prendre des parts de marché lorsque ses concurrents se retirent, ou même de reprendre, à un prix intéressant, des activités ou des institutions entières si elles venaient à faire faillite”, considère David Knutson, investment director chez Schroders Plc.

Au cours de son histoire, qui remonte à 1822, BNP Paribas a été au cœur des fusions et acquisitions du secteur bancaire français. Sous sa forme actuelle, elle est née du regroupement en 2000 de la Banque Nationale de Paris et de Paribas, sous la direction de l’ancien PDG Michel Pébereau. L’Europe avait mis en place un marché unique pour les biens et les services quelques années plus tôt, et Pébereau cherchait à construire une banque adaptée à cette nouvelle réalité.

Bonnafé avait encore une trentaine d’années lorsqu’il s’est vu confier la tâche de superviser la réalisation de cette opération. Ce fut pour lui une véritable leçon sur la manière de combiner deux entreprises culturellement très différentes, BNP se concentrant sur la clientèle des particuliers et des entreprises, tandis que Paribas fournissait des services de banque d’investissement à une clientèle plus institutionnelle.

Cette opération a fait de Bonnafé la personne de référence pour les transactions ultérieures. Lorsque BNP Paribas a racheté Banca Nazionale del Lavoro en 2006, il a été chargé de l’intégrer, faisant la navette entre Paris et Rome et apprenant l’italien la nuit. Peu après, la banque française a réalisé sa dernière grande opération en rachetant les activités de Fortis en Belgique et au Luxembourg, au plus fort de la crise financière, sous la direction de Baudouin Prot. Une fois de plus, Bonnafé a joué un rôle clé, prenant le temps de se familiariser avec les clients de Fortis dans le nord flamand de la Belgique, une région dont l’économie dépend fortement de ses ports.

Son rôle dans l’opération Fortis lui a permis de prendre la direction de l’entreprise lorsque Prot est devenu le président du conseil d’administration. L’opération avait fait de BNP Paribas une véritable banque européenne et avait renforcé sa stature d’acquéreur potentiel dans le cadre d’une consolidation transfrontalière. Mais alors que ses prédécesseurs aimaient imaginer des scénarios de rachat - dans son discours de démission, Pébereau n’a pas caché son intérêt pour des entreprises telles que la Société Générale ou le Crédit Lyonnais dans les années 1990 - Bonnafé est resté réticent à l’idée de parler d’acquisitions.

Depuis la crise financière, les spéculations sur la consolidation bancaire en Europe vont bon train, mais les transactions concrètes sont rares, en particulier les opérations transfrontalières. En effet, l’absence d’une assurance commune des dépôts bancaires et les règles contraignantes en matière de fonds propres ne les rendent pas intéressantes. Ces dernières règles ont été assouplies l’année dernière, un changement qui a été particulièrement positif pour BNP Paribas.

Les considérations politiques restent un obstacle majeur. Lorsque Crédit Suisse s’est retrouvé au bord du gouffre en mars de cette année, le gouvernement suisse a rapidement négocié une solution nationale qui a vu le groupe bancaire s’effondrer dans les bras de son rival UBS. BNP Paribas s’était précédemment penchée sur les activités de Crédit Suisse susceptibles de lui convenir, dans le cadre de son analyse courante des opportunités stratégiques, selon des personnes proche du dossier. En public, Bonnafé a minimisé toute suggestion d’intérêt pour la banque helvétique.

L’opération a renforcé le sentiment que la fenêtre d’opportunité pour une consolidation transfrontalière en Europe était peut-être en train de se refermer avant même qu’elle ne se soit véritablement ouverte. Le secteur bancaire est devenu un sujet hautement politique depuis que les gouvernements ont renfloué les banques lors de la crise financière et que les autorités nationales sont à nouveau intervenues en offrant des milliards de garanties lors de la pandémie. Avec autant d’argent du contribuable en jeu, il serait difficile de céder un groupe national à un rival étranger.

La politique a déjà compliqué de telles situations par le passé. En 2017, BNP Paribas aurait, selon la presse, entamé des pourparlers en vue de racheter la participation du gouvernement allemand au capital de Commerzbank AG. Deux ans plus tard, Berlin a plutôt décidé de privilégier des négociations en vue d’une fusion avec Deutsche Bank, mais ces dernières n’ont finalement abouti à rien. Autre exemple: ABN Amro Bank NV, établissement qui compte toujours un gouvernement comme actionnaire. BNP Paribas figurait parmi les banques ayant exprimé leur intérêt pour une opération, mais les Néerlandais n’ont jamais sérieusement examiné la question, a rapporté Bloomberg l’an dernier. La banque française a récemment nié avoir manifesté son intérêt pour ABN Amro.

À d’autres moments, c’est Bonnafé qui s’est abstenu. Avant que Société Générale n’entame des pourparlers avec AllianceBernstein en vue de créer une coentreprise dans le domaine du cash equities et de la recherche actions l’année dernière, BNP Paribas a eu l’occasion de se pencher sur le projet, mais a préféré ne pas conclure d’accord, selon des personnes proche de la banque. Elle s’est également montrée frileuse à l’égard du Securitized Product Group de Crédit Suisse, après s’être pourtant intéressée à cette activité lorsqu’elle a été mise en vente l’année dernière, a rapporté Bloomberg à l’époque.

Autre signe que Bonnafé est prêt à privilégier les rendements pour les actionnaires sur la taille de son entreprise, il s’est séparé de la banque de détail américaine Bank of the West, une institution californienne que BNP Paribas possédait depuis la fin des années 1970. Le dirigeant a décidé de céder cette institution parce qu’il aurait été difficile d’expliquer aux actionnaires que la banque française comptait participer au mouvement de consolidation outre-Atlantique, alors même que ses fonds propres étaient encore inférieurs à sa valeur comptable.

La vente de $16,3 milliards, qui a été finalisée en février, n’aurait pas pu se conclure à un meilleur moment. Peu après, les difficultés de plusieurs banques régionales américaines, dont la Silicon Valley Bank, ont déclenché une crise bancaire. JPMorgan est intervenue pour acquérir un de ces établissements, First Republic.

Croissance Organique

Bonnafé a clairement indiqué qu’il comptait utiliser une grande partie du produit de la vente de Bank of the West pour rémunérer les actionnaires, laissant environ €7,6 milliards pour les acquisitions et les investissements dans les activités existantes. Récemment, il a invité les chefs de divisions à pitcher de nouveaux projets d’investissements, selon une personne proche de la banque.

“L’essentiel de nos investissements sera consacré à la croissance organique, par le biais de nouvelles activités immédiates, telles que de nouveaux clients, qui maintiendront nos marges intactes”, a expliqué Lars Machenil, directeur financier, dans le cadre d’une interview. “Le reste sera alloué à des opérations complémentaires, soit pour reprendre des unités ou des portefeuilles dont nos concurrents veulent se défaire, s’ils complètent notre offre, soit pour acquérir une technologie.”

La gestion d’actifs fait partie des domaines où la banque pourrait se renforcer. Avec €526 milliards d’actifs sous gestion à la fin du mois de mars, elle est très loin des presque €2 000 milliards de sa rivale Amundi SA, qui a quasiment doublé ses actifs en enchaînant les acquisitions depuis son introduction en bourse en 2015. Par ailleurs, la branche assurance de BNP Paribas envisage de faire une offre pour les activités d’assurance-vie de PT Astra International en Indonésie.

“BNP est sous-exposée dans la gestion d’actifs, et il y a des raisons de croire que la banque pourrait avoir manqué des opportunités de croissance externe dans ce secteur au cours de la dernière décennie”, estime Clark chez Mediobanca.

Mais les acquisitions ne font pas une stratégie, et Bonnafé reste pour l’instant concentré sur ce qu’il a fait avec succès pendant plus d’une décennie. Il s’est fixé pour objectif de réaliser €2 milliards d’économies supplémentaires jusqu’en 2025. Il cède également certains des bâtiments historiques de la banque dans le centre de Paris pour déplacer le personnel en banlieue. Il a déjà réduit le nombre de ses agences bancaires et délocalisé ses activités de back-office dans des pays comme le Portugal.

“Il ne s’agit pas des Jeux olympiques”, avait expliqué Bonnafé lors d’une interview accordée au magazine Bloomberg Markets il y a cinq ans. “Il s’agit de banque. La banque est une affaire d’histoire et de chiffres. C’est un secteur où il faut survivre au cycle. Il faut être capable de traverser les cycles et de fournir une gamme complète de services dans un certain nombre de zones géographiques. Tout le reste n’est que de la poudre aux yeux, c’est juste pour briller, ce n’est pas de la banque”.

--With assistance from Reinie Booysen.

©2023 Bloomberg L.P.

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